juillet 03, 2007

 

Lac Baïkal - jour 2: le rocher au Chaman

En cette première matinée dans le village de Khujir, nous allons escalader le rocher au Chaman. Escalader est un bien grand mot, mais quand on a le vertige, c'est pas facile, n'est-ce-pas Margaux?

D'abord, pour s'échauffer, un peu de yoga sur le caillou posé en bas! L'ambiance calme et sereine du lac s'y prête. Sur la photo de droite, observez le petit chien installé en bas à gauche tranquillement sur la glace semi-fondue, et se demandant ce que peuvent bien être en train de faire Margaux et Aurélia.



On grimpe alors sur le rocher au Chaman, environ 50 mètres de hauteur. C'est l'occasion de quelques photos impressionnantes, au dessus du vide et de la glace.



En descendant, nous traversons une grotte, qui est en fait un passage qui traverse le rocher au Chaman. Puis, tout en bas, on s'aventure sur la glace... On l'entend un peu craquer... Mais l'excitation de marcher sur un lac gelé est plus forte que la peur raisonnée...



A gauche, un trou dans la glace sous le niveau de l'eau, et les nuages se reflètant dans l'eau glacée... On se rend compte que la partie immergée est bien plus petite à la partie submergée... A gauche, Jihem n'a pas froid aux yeux!

 

Lac Baïkal - jour 1: petite balade du soir

Eh oui, ça fait deux mois qu'on était en Sibérie avec Margaux, Julie, Jihem, Aurélia et Thomas et notre cher guide Anton, mais il n'est jamais trop tard pour donner des nouvelles... Et puis je veux bientôt clore ce blog, qui n'aura plus de raison d'être une fois ma narration sur mon voyage au Lac Baïkal terminée, puisque je suis rentrée en France...

Le premier soir, nous sommes allées entre filles se balader dans le village de Khujir, pendant que les garçons se faisaient un bania. Les maisons sont construites en bois, l'électricité est installée sur l'île depuis 2 ans à peine, mais ça marche pas tout le temps! Et par contre, il n'y a pas de système de distribution d'eau, il faut aller la chercher dans le lac. Sympa les douches glaciales après le bania brûlant!
Ici, une fenêtre typique.

Une fois le village traversé, nous arrivons au port, qui à cette époque de l'année, à cause de la glace, est hors de fonctionnement. Le ponton est déformé par la forme de la glace, les bateaux gisent là, la criée semble désaffectée, tout est abandonné. L'eau est très clair, et on voit très bien le fond, là où la glace a quelque peu fondu. On se croit seules dans cette atmosphère étrange, dans ce port à l'abandon avec une superbe lumière du soir. On mitraille avec nos appareils photo. Et voilà que sort d'un bateau (dénommé Margaux d'ailleurs, quelle coincidence!), un marin titubant, nous demandant: "Are you Greenpeace? Are you Greenpeace?"... C'est vrai qu'à cet période de l'année, il n'y a plus et pas encore de touristes sur l'île d'Olkhon. Puis, il nous invite gracieusement à boire un coup dans son bateau, ce que nous déclinons gentillement. Il tient tout de même à nous offrir des bonbonb russes en partant...


On remonte le long de la petite colline, côté Ouest, pour observer le coucher du soleil. Ci dessous (droite), le fameux rocher au chaman, qui est une presqu'île de l'île d'Olkhon (je resitue l'action: nous sommes sur l'île d'Olkhon qui au centre du Lac Baïkal, en Russie orientale, au Nord de la Mongolie).



A droite, Julie devant l'île au Chaman, à gauche, une faille dans la glace recouvrant le lac.



Une fois le soleil couché, le froid tombe vite et nous allons nous rechauffer dans le bania!!

juillet 01, 2007

 

Paparazzi


L'envie m'en démange, il faut que je vous présente une de mes nouvelles connaissances, que j'ai rencontrée en St Pétersbourg. Bon, il ne nous a tout de même pas invité sur son bateau, mais il nous a salué de la main (malheureusement pas eu le temps de prendre la photo)!! Merci Gehrard!


juin 05, 2007

 

Week-end à la campagne




L'anneau d'Or est une région au Nord Est de Moscou, qui a brillé au début du deuxième millénaire par sa puissance sur la région et ses églises dorées. Puis, Moscou a petit à petit pris plus d'influence au détriment de ces jolis petites villes et villages, qui ont gardé un esprit champêtre. Tout ça est bien agréable quand on veut s'éloigner un peu du chaos moscovite.


 

De la liberté en Russie...

Extrait d'un article de Libération
A Moscou, la Gay Pride attire les foudres
Arrestations et heurts ont marqué la deuxième édition de la manifestation décriée.
Par Lorraine MILLOT
QUOTIDIEN : lundi 28 mai 2007
Moscou de notre correspondante

Pour la deuxième tentative de Gay Pride à Moscou, les militants homosexuels russes et étrangers n'avaient déjà plus pour ambition que de traverser la rue Tverskaïa, soit un parcours d'une vingtaine de mètres, pour aller remettre une lettre à la mairie de Moscou. Mais c'était encore trop pour les autorités russes, qui avaient interdit la manifestation, et pour de petits groupes de casseurs qui rôdaient hier midi autour de la mairie «pour dérouiller les pédérastes».
Comme l'an dernier, l'organisateur de cette parade, le jeune militant gay Nikolaï Alexeïev, a été arrêté par la police au tout début de la manifestation, ce qui lui a permis d'éviter les coups. Pendant une heure, la police russe a ensuite laissé les casseurs attaquer un à un les militants dès qu'ils osaient dérouler une pancarte ou un drapeau arc-en-ciel. Un député transsexuel italien a pris un oeuf en pleine face. Le militant britannique Peter Tatchell a reçu un coup de poing dans l'oeil. Le député Vert allemand Volker Beck, qui avait terminé la première Gay Pride russe le visage en sang, a cette fois été très vite arrêté par la police, qui s'est chargée de le molester. «Les policiers m'ont attrapé et frappé, mais pas trop gravement», a rapporté Volker Beck, libéré un peu plus tard grâce à l'intervention des ambassades de France et d'Allemagne.

mai 13, 2007

 

L'avantage d'être étudiant russe...


Vous êtes tentés d'aller au Bolschoï écouter un air d'opéra ou admirer un ballet russe? Vous êtes en possession d'une carte étudiant russe?

Alors n'hésitez plus! Rendez-vous au plus vite aux caisses du Bolschoï Théatre, une heure et demie avant le début du spectacle, avec votre carte d'étudiant dans une main, et 20 roubles (soit même pas 60 centimes d'euros) dans l'autre, afin d'obtenir une place!!

Bon certes, le Bolshoï est actuellement en rénovation, et les spectacles ont lieux dans une salle voisine (qui cela dit reste magnifique), mais que demande le peuple?

Nous avons donc eu la chance de voir La Sylphide cette semaine, et comptons bien y retourner pour Le Lac des Cygnes dans quelques jours... A bon entendeur, salut!

 

Le 9 Mai à Moscou

Voici la réponse de la devinette. Et tout d'abord merci aux deux participants!

La réponse est simple. L'armistice a été signée le 7 Mai 1945 à Reims, en présence des allemands, des français, des américains et des russes. Cependant, la fin des combats n'a eu lieu que le lendemain, le 8 Mai 1945, ainsi que l'annonce du Général de Gaulle.

Alors pourquoi le 9 Mai me direz-vous? Parce que le deuxième armistice (voulu par les Russes, en présence du Maréchal Russe Joukov) a été signé à Berlin le 8 Mai 1945 à 23heures, heure de Berlin, soit 01heure le 9 Mai 1945, heure de Moscou. Ce n'est en fait qu'une question de décalage horaire!

J'ai passé le 9 Mai dans la ville, car il y avait beaucoup d'animations. La matin est organisée une parade militaire sur la Place Rouge, l'équivalent de notre défilé du 14 Juillet, mais seul sont autorisés les personnes invitées. Nous sommes donc allés au Parc de la Victoire, où les vétérans viennent en uniforme, avec toutes leurs médailles.
Les civils achètent des fleurs, pour la plupart des oeuillets (une signification??), qu'ils remettent une à une aux vétérans qu'ils croisent.



















I
l y a des concerts (cf le militaire coincé qui chante au centre! mais aussi du classique en live avec Casse-Noisettes), des petits spectacles style danse de salon, et on peut se balader dans les tranchées et parmi les engins flottant, volant et bombardant exposés dans le Parc. Il y a un monde fou. Les gens portent un ruban rayé noir et orange en commémoration de la Victoire.




















En photo, St Georges du Parc Pabiedi (le Parc de la Victoire) tuant le dragon, patron de la ville de Moscou.

Le 9 Mai est davantages considéré comme la Victoire des Russes sur les Allemands, qui les ont attaqué par surprise le 22 Juin 1941, que comme la fin de la guerre, comme c'est le cas en France. C'est une fierté plus qu'un soulagement. Cette fête est vraiment d'une grande importance en Russie. Il faut dire que 21 millions de Russes sont morts durant cette guerre, c'est le pays avec le plus lourd bilan humain.

Dans le centre ville, l'ambiance est aussi à la fête. Il y a des concerts un peu partout, avec notamment la Britney Spears russe pour les ados et la Chantal Goya russe pour les enfants. L'ambiance est bonne. Tout le monde est fouillé en rentrant dans un certain périmètre, et l'alcool n'est pas autorisé. Donc il n'y a pas de Russes aux odeurs d'alcool.

La journée se termine avec des feux d'artifice au dessus de toute la ville. On ne s'est plus où donner de la tête tellement il y en a. Les Russes m'ont semblé complétement ébahis poussant des cris d'émerveillement devant les lumières des feux. Il faut avouer que c'était assez impressionant.

mai 08, 2007

 

Le 8 ou le 9 Mai??


L'armistice de la deuxième guerre mondiale se fête en France le 8 Mai, mais il se fête le lendemain en Russie.
Pourquoi? Laissez vos idées en commentaire, la réponse sera donnée dans quelques jours...



En photo, une des nombreuses affiches de la ville de Moscou souhaitant une bonne journée de la victoire. Dans l'insigne, dans le ciel, on lit CCCP, soit URSS en russe. Au programme du 9 Mai: parade militaire sur la Place Rouge, concerts et festivités.

mai 06, 2007

 

Lac Baïkal - jour 1: à travers air, terre et eau...




Après quelques craintes, la companie russe avec laquelle nous avons voyagé, Sibérie Airlines ou S7, a finalement affrété un Airbus pour notre transport, et non un Tupolev! Il faut dire que cette companie connait souvent des petits problèmes techniques, amenant à de nombreux crash... 5 accidents depuis 2001...
http://en.wikipedia.org/wiki/S7_Airlines_Flight_778
http://en.wikipedia.org/wiki/S7_Airlines







Arrivés au petit matin à Irkoutsk (après 5 heures de voyage et avec 5 heures de décalage dans les pattes, bonjour la petite nuit!), nous sommes grandement étonnés par la taille et la modernité des locaux nous accueillant. Le guide nous expliquera plus tard que l'aéroport est en rénovation depuis des années, et donc en att
endant une baraque en bois fait office de hall d'arrivée...





















Vous pouvez observez la qualité du tapis roulant distribuant les bagages aux voyageurs... Un large anneau en métal tournant sur lui-même, avec un bruit de vielle ferraille!






Notre guide nous attend dehors, et nous embarquons pour quelques 7 heures de voyages en fourgonnette. Anton, notre guide, est un vrai aventurier, et a collaboré avec Nicolas Vanier lors de son dernier périple, l'Odysée Sibérienne, de Irkoutsk à Moscou avec un traineau à chiens.











Nous nous dirigeons donc vers le Nord
, direction l'île dOlkhon, une île au centre du Lac Baïkal. Dès la sortie d'Irkoutsk, on se retrouve dans de grande plaine quasiment désertique. Il y a peu de traces d'agriculture, mais pas mal de troupeux de vaches. On s'arrête dans un petit resto au milieu de nulle part, et on se régale avec une soupe et d'énormes sortes de pelminis (raviolis à la viande, typiquement russes, sauf que là ça faisait plus cuisine asiatique). Et oui, faut-il le rappeler, nous sommes en Asie!





On reprend la route jusqu'à un petit village sur la rive du lac, où l'aéroglisseur arrive et nous fait un petit dérapage contrôlé sur la plage.

En effet, en plein hiver, il est possible de rouler en voiture sur la glace. Et en été biensûr, on navigue sur le lac en bateau. Mais à la demi-saison, l'un et l'autre ne sont pas possibles. On utilise donc un aéroglisseur pour traverser. On glisse d'abord sur de la glace, sur de l'eau avec beaucoup de courant puis de nouveau sur de la glace. L'impression est étrange.

















Ici, notre premier aperçu de l'île d'Olkhon, et là les trois stars devant le lac plus ou moins glacé.
Nous avons encore une heure de route pour rejoindre le plus grand village de l'île, 2000 habitants environ, dénommé Khujir. Là, on dépose nos affaires dans la maison en bois chez l'habitant où on loge, et on part en balade dans le village.





Voici le moment de vous présenter toute la troupe: Margaux, moi-même, JM, Thomas, Aurélia et Julie. No
us sommes devant la presqu'île du village, ou le rocher du Chaman.




Jeu d'ombres et de lumières sur le lac.

avril 25, 2007

 

St Basile


Car, après presque deux mois à Moscou, cela manquait sur ce blog...

 

Au revoir Boris


Sami et moi avons voulu voir hier soir le corps de Boris Elstine, reposant dans la cathédrale du Christ Sauveur.

Notre bonne volonté en a pris un coup quand, en sortant du métro, à 11 heures du soir, nous avons aperçu la queue. On se dit alors, que ça vaut quand même le coup d'attendre, car c'était un personnage historique. On commence à longer la queue, et on comprend vite que celle-ci fait en réalité le tour de la cathédrale... Les moscovites, munis de fleurs et de patience, attendent pour se recueillir devant la dépouille du premier président russe élu (juin 1991).

On s'est donc décidés pour une balade nocturne dans Moscou, car on ne s'en lassera jamais!

En photo, la queue devant St Sauveur.

avril 22, 2007

 

Mon périple tendant toujours plus vers l'Est...


Le lac le plus profond du monde (1700m), avec une longueur de 630 km et une largeur moyenne de 40 km, retenant 20% de l'eau douce mondiale sous forme liquide, représentant 260 fois le volume du Lac Léman, l'Oeil Bleu de la Sibérie ou la Perle de Sibérie, je suis, je suis.... Le Lac Baïkal!

Eh oui, après un changement d'emploi du temps, nous avons une semaine libre à occuper et rentabiliser! Alors pourquoi pas Irkoutsk, cible du voyage de Michel Strogoff de Jules Verne, et le proche Lac Baïkal...

Le voyage en transsibérien prenant quelques 80 heures jusque là-bas, nous décidons de prendre l'avion et de repousser la traversée de la Russie en train à une prochaine aventure.

En photo, les dimendions du Lac Baïkal par rapport à celles de la France.

 

Lénine comme sur un nuage...


Lénine au bout de la rue 'Leninski Prospekt', juste à côté de l'ambassade de France. La plupart des statues soviétiques sont maintenant entassées dans un parc, qu'il me reste à visiter.

 

Marseille représente!


(avec l'accent s'il vous plaît!)
Eh oui on étudie le marketing international ici!

 

La Place Rouge pendant la veillée de Pâques


De gauche à droite, le musée d'histoire de Moscou, la porte de la résurrection (avec St Georges, patron de Moscou) et le Goum (galerie marchande chic).

 

Flaques...





Dès qu'il pleut, je m'amuse. Ici à Tretiakovskaïa, pendant le week-end de Pâques.

Merci Anne-Lyse pour ta contribution, et pour la visite inattendue des ruelles de Moscou aux maisons introuvables...

avril 15, 2007

 

La pluie et le beau temps...



La météo est plutôt imprévisible à Moscou...
Mais cela semble se calmer pour le moment.

 

La manifestation de l'Autre Russie durement réprimée à Saint-Petersbourg

LEMONDE.FR avec AFP et Reuters
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-896367@51-890268,0.html


Au lendemain d'une manifestation à Moscou qui s'était soldée par plus de 170 arrestations, dont celle de l'ancien champion d'échec Garry Kasparov, le mouvement d'opposition L'Autre Russie a une nouvelle fois défié le pouvoir en organisant une manifestation anti-Poutine, le 15 avril, à Saint-Petersbourg.

La marche de dimanche qui a réuni près de 3 000 personnes a donné lieu à de violents affrontements avec la police, au moment où la manifestation se dispersait. "A la fin du meeting, on a invité les gens à partir calmement vers le métro mais les Omon [forces anti-émeutes] se sont jetés sur eux et ont commmencé à frapper (..) Cela s'est transformé en chasse à l'homme (...) Le pouvoir ne comprend que le langage de la force", a déclaré un des organisateurs, Maxime Reznik, cité par l'AFP.

ÉDOUARD LIMONOV ARRÊTÉ

Les policiers anti-émeutes ont plaqué au sol et frappé à coups de matraques des dizaines de manifestants. Au moins 150 personnes ont été arrêtées, d'autres ayant été interpellées avant même le rassemblement, pour les empêcher d'y participer.

Parmi les personnes embarquées par la police figurerait le dirigeant d'extrême gauche Edouard Limonov, chef du Parti national bolchevique (NPB) et ennemi juré du Kremlin. Ses militants, partisans d'actions violentes - comme le saccage du hall de l'administration présidentielle en décembre 2004 - sont régulièrement jugés et condamnés à la prison.

"LE RÉGIME DE POUTINE S'EN REMET À LA FORCE
"

Commentant la répression qui frappe l'opposition, Garry Kasparov - remis en liberté après s'être acquitté d'une amende d'environ 30 euros -, a déclaré sur CNN que "ces deux derniers jours ont montré que le régime de Poutine n'accorde plus d'attention à la légalité et s'en remet à la force brutale".

Des élections législatives sont prévues en décembre 2007 en Russie, avant la présidentielle de mars 2008 qui doit permettre de désigner le successeur de Vladimir Poutine. En l'état actuel de la législation, celui-ci ne peut pas constitutionnellement briguer un troisième mandat.

avril 05, 2007

 

A l'université de Moscou, la fronde des étudiants inquiète le pouvoir

Corruption des professeurs et propagande réactionnaire sont mises en cause.
http://www.liberation.fr/actualite/monde/245662.FR.php?rss=true
Par Lorraine MILLOT, Libération
QUOTIDIEN : jeudi 5 avril 2007
Moscou de notre correspondante

C'est un «Mai 68 russe» qui se prépare, ou une «révolution orange» sur le modèle de celle qui avait balayé le pouvoir en Ukraine l'hiver 2004, suppute déjà la presse russe. Depuis février, un groupe d'étudiants de la faculté de sociologie de l'université d'Etat de Moscou (MGU) ose défier son doyen, à coups de tracts et de pétitions internationales, dénonçant la «propagande réactionnaire et ultranationaliste» en vigueur à l'université.

«Le niveau de notre faculté est tombé pratiquement à zéro, résume Oleg Jouravliov, étudiant en troisième année et porte-parole de la sédition. Tous les professeurs un peu ambitieux ont été renvoyés ou ont démissionné ces dernières années. Aucun intervenant extérieur n'est invité. Un professeur censé nous faire un séminaire sur l'analyse de contenu, nous a avoué : "Je ne sais pas de quoi il s'agit, mais je vais bien imaginer quelque chose". Et en anthropologie, un professeur nous a demandé : "Qui est Lévi-Strauss ?"»
Petit interrogatoire. Grâce à Internet, où ils ont créé leur site (1), les rebelles se sont assuré le soutien de quelques grands universitaires étrangers, comme Michel Wieviorka, président de l'association internationale de sociologie, ou Irène Sokologorsky et Claude Frioux, bons connaisseurs de la Russie. Devant l'esclandre, le recteur de l'université et aussi la Chambre civique, créée par le Kremlin pour occuper le terrain de la société civile, ont promis d'examiner les problèmes soulevés par les étudiants. Mais discrètement, les frondeurs sont aussi soumis à de fortes pressions.
«J'ai été convoquée par un adjoint du recteur, flanqué d'un représentant des forces de l'ordre, qui m'a soumis à un vrai petit interrogatoire», raconte Marina, 19 ans, étudiante en deuxième année, encore toute secouée par l'épreuve. «Cet enquêteur savait par exemple que j'avais déjà participé à des actions pour la protection du lac Baïkal ou que j'avais un piercing dans la bouche. Il m'a demandé si mes parents ont d'autres enfants... Bref, il m'a fait peur», avoue l'étudiante.
Indifférents ou effrayés par ces mesures d'intimidation en tout genre, la plupart des 2 000 étudiants en sociologie de l'université de Moscou se sont bien gardés de rejoindre le mouvement. «Un tiers environ des étudiants nous soutiennent, mais plutôt passivement, par peur des représailles», estime Marina.
Payer la réussite. Par peur ou par paresse, la majorité des étudiants de sociologie préfèrent continuer à étudier, ou faire semblant, comme si de rien n'était : «C'est bien le problème que nous dénonçons, explique Marina. Dans notre faculté, il y a bien 40 % d'étudiants qui ne sont pas là pour étudier, mais pour recevoir un diplôme. Eux, évidemment, ne nous soutiennent guère.»
A la faculté de sociologie de la MGU, comme dans la plupart des facultés russes, il est encore possible de payer pour réussir l'examen d'entrée, obtenir de bonnes notes et le diplôme de sortie, racontent les frondeurs, qui voudraient aussi s'attaquer à ce problème de la corruption des enseignants. Sur quoi le mouvement peut-il déboucher : une grève des étudiants ? Une révolte contre le régime Poutine ? «Non, non, assure Oleg Jouravliov. Nous ne voulons pas une révolution politique, nous voulons une bonne formation.» Cette rébellion n'a rien à voir avec l'Autre Russie, le nouveau rassemblement de l'opposition russe qui s'est fédéré autour du champion d'échecs Garry Kasparov et cherche à multiplier les foyers de contestation, jure cet étudiant.
Désamorcer la crise. Très inquiètes de ces liens, les autorités n'en semblent pas moins résolues à étouffer ce mouvement. Et ce d'autant plus vite qu'il pourrait facilement se répandre à d'autres universités : «C'est la première fois que des étudiants expriment aussi bien leurs problèmes», observe Alexandre Adamski, membre de la Chambre civique, chargé de désamorcer la crise. «Mais ce n'est pas un hasard, poursuit Adamski, le mouvement est symptomatique de la crise de tout l'enseignement supérieur en Russie.»

(1) www.od-group.org

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